Crédits

co-réalisé par Jessica Decorvet, Charles-Elie Payré et Valentin Rotelli, en collaboration avec les acteur.ice.s Omid AHMADI, Rozar AICHOUKI, Meilat ASMEROM, Solyana ASMEROM, Heaven BRHANE, Taki EDINNE DJENNANE, Soliana HADISH, Daniel HADISH, Abel HADISH, Mohammad Mehran NIAZI, Biniam TAFERE, Sabqat RAHMANI et Levon POGHOSYAN.

Synopsis

En 2019, l’association Super Licorne - active dans un centre d’hébergement pour requérant.e.s d’asile - propose un atelier cinéma « Super héros » à un groupe d’adolescent.e.s au parcours et profils très variés. Très vite, les genres cinématographiques s'entremêlent, les héros se posent des questions sur leurs pouvoirs, les tableaux de fiction subliment les scènes documentaires, des entretiens filmés se rajoutent. Bref, Super Super naît d’un élan, celui de donner la parole et un espace de création à ces jeunes. Dans ce portrait sensible et décalé, leurs aspirations et leurs personnalités s’unissent contre leurs ennemis communs : les préjugés et les contraintes imposées par le monde des adultes.

Projection le 13 septembre 2022 au Cinélux à Genève, puis sur la RTS le lendemain

Intentions de la réalisation

La proposition de film est la suivante: d’un côté, réaliser un film de fiction qui utilise les codes du film de super héros, et de l’autre, problématiser cette fiction dans un documentaire qui déconstruit les structures classiques du cinéma hollywoodien. Dans la fiction, les ados sont réalisateur·trices et créent un monde qui leur est propre, illes interprètent le personnage qu’illes ont imaginé et dirigent les autres protagonistes de la scène. Dans le documentaire, illes développent un regard réflexif sur les questions de pouvoir, et les idéologies véhiculées dans les films de superhéros. Illes racontent les dessous du tournage et leur implication, on les voit aussi être eux-mêmes « au naturel » à performer leur rôle d’adolescents en groupe. La confrontation apparaît alors entre les personnages “extraordinaires” que les ados interprètent dans la fiction et la personnalité “ordinaire”, attachante et singulière qui crée leur individu de tous les jours.

Le film propose trois types d’images, les images de fiction tournées avec une caméra professionnelle de cinéma (RED EPIC); les images documentaires tournées avec un appareil photo (Sony A73); les images tournées avec leurs smartphones nous entraînent dans les coulisses du film.

La structure de la fiction est inspirée par les 26 étapes proposées par John Truby dans son livre L’anatomie du scénario. Chaque étape du scénario (découverte du pouvoir, passé qui hante le héro, rencontre avec l’adversaire, aide de l’allié·e, etc), constitue une scène qui est attribuée à un·e ado et son personnage, son super héros. Le film suit la structure d’un film hollywoodien mais au lieu de suivre un héros tout le long du film, c’est un nouveau héros qui incarne chaque étape du scénario. La trame narrative de la fiction se concentre sur la perte du super pouvoir, et la quête qui s’ensuit pour le retrouver. Cette proposition répond à la fois à un besoin technique d’éviter la réalisation d’effets spéciaux impossibles à s’offrir, et aussi de se concentrer sur le sujet qui nous intéresse le plus, à savoir les questions de pouvoir.

Qu’est-ce que cela signifie d’avoir un super pouvoir? Comment l’utilisons-nous? Qui sommes-nous quand on le perd? Quelles sont les motivations à le retrouver et à quel prix? Qu’apprenons-nous de nous-même lors de la perte d’un tel privilège?

Autant de questions posées dans les interviews documentaires, qui permettent de saisir l’avis des ados sur ces sujets, ainsi que les détails de la vie et les préoccupations des héros en dehors des scènes de fiction. Les images «smartphone» viennent, quant à elles, rythmer leurs propos et nous plongent cette «adolescence» qui se déploie surtout dans les interactions qu’illes enretiennent les unes avec les autres.

Toute cette emulsion, cette energie, cette creativité est l’objet et la puissance du film super super.